Drapeau kurdeLes Kurdes : Histoire, Culture et Langues

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Histoire chronologique des Kurdes

Découvrez l'histoire des Kurdes, peuple millénaire du Moyen-Orient, à travers une chronologie claire, pédagogique et illustrée, des origines à nos jours.

1. Préhistoire et protohistoire

Les montagnes du Zagros, au cœur du Kurdistan actuel, sont habitées depuis le paléolithique. Les premières communautés agricoles du Néolithique y voient le jour (sites de Shanidar, Jarmo). Dès le IIIe millénaire av. J.-C., des peuples montagnards comme les Guti et les Lullubi apparaissent dans les textes sumériens et akkadiens. Ils résistent aux empires mésopotamiens et sont réputés pour leur bravoure.

À savoir : Les Guti sont mentionnés comme ayant brièvement dominé la Mésopotamie après la chute de l'empire d'Akkad (vers 2150 av. J.-C.).

2. Antiquité : Mèdes, Cardouques, Cyrtii

Au Ier millénaire av. J.-C., les Mèdes (peuple indo-iranien) fondent un empire puissant centré sur Ecbatane (Hamadan). Les Kurdes revendiquent souvent une filiation avec les Mèdes. D'autres peuples, comme les Cardouques (Kardouchoi) et les Cyrtii, sont cités par Xénophon et Strabon comme des ancêtres des Kurdes. La région est successivement dominée par les Assyriens, les Perses achéménides, les Grecs d'Alexandre, les Parthes et les Sassanides.

PériodeÉvénement marquant
~2150 av. J.-C.Règne des Guti sur la Mésopotamie
VIIe s. av. J.-C.Empire mède : apogée politique et culturel
401 av. J.-C.Expédition des Dix Mille (Xénophon) à travers les terres des Cardouques
IIIe s. av. J.-C. - VIIe s. ap. J.-C.Domination parthe puis sassanide
Anecdote : Xénophon raconte que les Cardouques étaient si redoutés que les Dix Mille, armée grecque en retraite, durent traverser leurs montagnes en secret pour éviter l'affrontement.

Avec la conquête arabe au VIIe siècle, les Kurdes se convertissent progressivement à l'islam, tout en conservant des traditions préislamiques (yézidisme, zoroastrisme).

3. Symbolique ancestrale et Newroz

Feu de Newroz

Newroz (21 mars) est la fête du Nouvel An kurde, célébrée depuis l'Antiquité. Elle symbolise la résistance, la renaissance et l'attachement à la liberté. Les Kurdes allument des feux, dansent et chantent pour marquer la victoire de Kawa le forgeron sur le tyran Zahak, mythe fondateur de l'identité kurde.

Mythe fondateur : Kawa le forgeron
Selon la légende, Kawa mena le soulèvement contre le tyran Zahak, libérant le peuple et allumant le feu de la liberté, origine de la fête de Newroz. Ce mythe incarne la lutte contre l'oppression et l'espoir d'un renouveau.
Transmission : Newroz est aujourd'hui un moment central de la culture kurde, célébré dans la diaspora, et porteur d'un message universel de liberté et de solidarité.

4. Moyen Âge : dynasties kurdes et rayonnement

Entre le Xe et le XIIIe siècle, les Kurdes fondent plusieurs dynasties et principautés autonomes : Shaddadides (Caucase), Marwanides (Diyarbakir), Hasanwayhides (Zagros), Annazides (Kermanshah), Ayyoubides (fondée par Saladin). Saladin (Salah ad-Din), né à Tikrit, devient sultan d'Égypte et de Syrie, et libère Jérusalem en 1187. Les Kurdes participent aux Croisades, servent comme soldats, administrateurs, parfois rebelles.

Statue de Saladin à Damas
Focus : Saladin
Saladin (1137-1193) incarne l'idéal du souverain juste et tolérant, admiré en Orient comme en Occident.

5. Époque ottomane et perse (XVIe-XIXe siècles)

Le Kurdistan est partagé entre l'Empire ottoman et la Perse safavide. Les Kurdes bénéficient parfois d'une large autonomie grâce au système des beyliks (principautés héréditaires). Les grandes familles kurdes (Barzani, Baban, Soran, Jaf, etc.) négocient leur autonomie contre des services militaires ou administratifs. Mais la centralisation progressive des empires réduit leur pouvoir.

Anecdote : Certains beyliks kurdes ont résisté à la centralisation jusqu'au XIXe siècle.

6. XXe siècle : partages, révoltes, tragédies

Après la Première Guerre mondiale, le traité de Sèvres (1920) prévoyait un État kurde, mais il fut annulé par le traité de Lausanne (1923) sous la pression de la Turquie kémaliste. Les Kurdes sont alors divisés entre quatre États-nations. S'ensuivent de nombreuses révoltes et tragédies :

Drapeau du Kurdistan
AnnéeÉvénement
1920Traité de Sèvres (État kurde prévu)
1923Traité de Lausanne (partage du Kurdistan)
1946République de Mahabad (Iran)
1988Génocide d'Halabja (Irak)
1991Autonomie du Kurdistan irakien
2012Naissance du Rojava (Syrie)
Focus : La République de Mahabad
En 1946, les Kurdes d'Iran proclament la République de Mahabad, premier État kurde moderne, soutenu par l'URSS. Elle ne dure que quelques mois, mais reste un symbole fort de la lutte pour l'autodétermination.
Le Traité de Lausanne (1923)
Le Traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923, marque la fin de l'Empire ottoman et fixe les frontières de la Turquie moderne. Il annule les dispositions du Traité de Sèvres qui prévoyaient un État kurde indépendant. Les Kurdes se retrouvent ainsi divisés entre la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie, sans reconnaissance de leurs droits nationaux. Ce traité est considéré comme un tournant majeur dans l'histoire kurde, à l'origine de nombreuses révoltes et d'un siècle de luttes pour la reconnaissance.

7. XXe-XXIe siècles et enjeux contemporains

Figures historiques kurdes : Saladin (Salah ad-Din), Mustafa Barzani, Jalal Talabani, Leyla Zana, Abdullah Öcalan, Sakine Cansiz, Mahabad Qazi, Ehmedê Xanî, etc. Chacun a marqué l'histoire kurde par son engagement, sa pensée ou son combat.

8. Symboles, drapeaux et mémoire collective

Drapeau du Kurdistan

Le drapeau du Kurdistan, adopté en 1946, est composé de trois bandes horizontales (rouge, blanc, vert) et d'un soleil doré à 21 rayons. Rouge : le sang des martyrs, blanc : la paix, vert : la nature et l'espoir, soleil : la lumière et la renaissance. Il symbolise l'unité et l'aspiration à la liberté.

Transmission culturelle : La mémoire kurde se transmet par la langue, la poésie, la musique, les fêtes, les récits de résistance et les symboles partagés.